L'identification
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L'identification
Pourquoi la vie semble-t-elle perdre son sens ?
Pourquoi nous préoccupons-nous davantage de ce qui est en dehors de nous que de ce qui est en nous, qui est nous ?
Je pense que c'est à cause de l'identification.
Nous nous identifions à ce que nous faisons, à ce que nous avons, aux évènements qui nous arrivent. Par exemple dès qu'on obtient un logement à soi on devient "propriétaire", ce qui change la façon dont on se voit, or en se référant à la propriété on s'identifie à une chose, et notamment on prend sur soi ce qui lui arrive ("Je me suis fait cambrioler" au lieu de "on a cambriolé ma maison").
Si on ne fait pas un travail uniquement pour la survie ou la reconnaissance, on s'identifie à son travail en prenant sur nous l'avancement de nos tâches : on peut être déprimé quand elles n'avancent pas ou stimulé quand nous avons l'impression qu'elles avancent. C'est d'ailleurs à la mode de parler de l'implication dans son travail.
Je ne dis pas que l'identification est mauvaise en soi. Je pense d'ailleurs que c'est notre "fonctionnement" normal en tant qu'humain même s'il est biaisé actuellement.
Quand est-ce que l'identification est légitime ? Quand il y a bien un lien entre nous et l'évènement auquel on s'identifie, c'est à dire que la manière dont va se dérouler l'évènement va avoir un impact sur notre fonctionnement intérieur. En un mot, c'est quand l'évènement nous touche.
Quand nous nous identifions à quelque chose qui nous touche, il y a un enjeu car notre fonctionnement même devient dépendant d'un évènement extérieur, mais dans le même temps cela va nous permettre d'évoluer. Cette tension dans une identification sincère, je pense que c'est ce qu'on appelle généralement la volonté.
Quand cela ne nous touche pas, nous croyons dépendre d'un évènement qui n'a pas de lien avec notre volonté, et qui ne nourrit pas notre identité, notre devenir. Mais dans ce cas, pourquoi avoir accepté cette identification artificielle ?
Nous acceptons les identifications artificielles par raisonnement.
Nous acceptons de faire des choses que nous ne voulons pas faire pour elles-mêmes, mais pour ce qu'elles nous apportent, soit parce qu'elles nous semblent nécessaires pour obtenir ce que nous voulons, soit tout simplement pour survivre d'une manière qui nous semble adéquate dans ce monde.
Généralement, on nous dit que pour manger ou avoir un toit il faut de l'argent, donc un travail, donc des études et par conséquent quand nous étions enfant on nous disait de ne pas faire n"importe quoi, et le résultat c'est que la plupart des jeunes font des choix de carrière par hasard ou par intérêt dans le seul but d'assurer leur survie, sans jamais faire quelque chose qui leur plait.
A cause de toutes ces contraintes que nous faisons peser les uns sur les autres et qui forment notre monde tel qu'il est aujourd'hui, nous favorisons les identifications artificielles.
Négliger les identifications sincères c'est se condamner à disparaître.
En pratique nous faisons des identifications sincères et des identifications artificielles, et même si les contingences inhérentes au monde nous poussent à faire un minimum d'identifications artificielles, s'il n'y a que des identifications artificielles au final il n'y a plus de rapport entre ce que nous faisons et ce que nous sommes.
En faisant des identifications sincères, nous nous permettons de continuer à évoluer en lien avec les évènements qui nous arrivent, et plus nous le faisons plus notre volonté grandit et fait de nous un acteur du monde, ce qui permet d'aménager les contingences et de réduire les identifications artificielles.
Ainsi, je pense que plus les contraintes sont fortes et plus la masse critique à atteindre pour maintenir voire augmenter avec le temps les identifications sincères est importante. C'est cet état mental qu'il nous faut atteindre pour que notre fonctionnement intérieur évolue selon les évènements du monde. En un mot : exister.
Ainsi pour exister il nous faut nous demander si nous voulons vraiment faire ce que nous faisons, sans accepter immédiatement un comportement comme normal, et nous impliquer dans ce qui nous tient à cœur, et ce contre vents et marées.
J'espère avoir été compréhensible, malgré le fait que je sois vraiment épuisé. N'hésitez pas à discuter mes arguments.
Pourquoi nous préoccupons-nous davantage de ce qui est en dehors de nous que de ce qui est en nous, qui est nous ?
Je pense que c'est à cause de l'identification.
Nous nous identifions à ce que nous faisons, à ce que nous avons, aux évènements qui nous arrivent. Par exemple dès qu'on obtient un logement à soi on devient "propriétaire", ce qui change la façon dont on se voit, or en se référant à la propriété on s'identifie à une chose, et notamment on prend sur soi ce qui lui arrive ("Je me suis fait cambrioler" au lieu de "on a cambriolé ma maison").
Si on ne fait pas un travail uniquement pour la survie ou la reconnaissance, on s'identifie à son travail en prenant sur nous l'avancement de nos tâches : on peut être déprimé quand elles n'avancent pas ou stimulé quand nous avons l'impression qu'elles avancent. C'est d'ailleurs à la mode de parler de l'implication dans son travail.
Je ne dis pas que l'identification est mauvaise en soi. Je pense d'ailleurs que c'est notre "fonctionnement" normal en tant qu'humain même s'il est biaisé actuellement.
Quand est-ce que l'identification est légitime ? Quand il y a bien un lien entre nous et l'évènement auquel on s'identifie, c'est à dire que la manière dont va se dérouler l'évènement va avoir un impact sur notre fonctionnement intérieur. En un mot, c'est quand l'évènement nous touche.
Quand nous nous identifions à quelque chose qui nous touche, il y a un enjeu car notre fonctionnement même devient dépendant d'un évènement extérieur, mais dans le même temps cela va nous permettre d'évoluer. Cette tension dans une identification sincère, je pense que c'est ce qu'on appelle généralement la volonté.
Quand cela ne nous touche pas, nous croyons dépendre d'un évènement qui n'a pas de lien avec notre volonté, et qui ne nourrit pas notre identité, notre devenir. Mais dans ce cas, pourquoi avoir accepté cette identification artificielle ?
Nous acceptons les identifications artificielles par raisonnement.
Nous acceptons de faire des choses que nous ne voulons pas faire pour elles-mêmes, mais pour ce qu'elles nous apportent, soit parce qu'elles nous semblent nécessaires pour obtenir ce que nous voulons, soit tout simplement pour survivre d'une manière qui nous semble adéquate dans ce monde.
Généralement, on nous dit que pour manger ou avoir un toit il faut de l'argent, donc un travail, donc des études et par conséquent quand nous étions enfant on nous disait de ne pas faire n"importe quoi, et le résultat c'est que la plupart des jeunes font des choix de carrière par hasard ou par intérêt dans le seul but d'assurer leur survie, sans jamais faire quelque chose qui leur plait.
A cause de toutes ces contraintes que nous faisons peser les uns sur les autres et qui forment notre monde tel qu'il est aujourd'hui, nous favorisons les identifications artificielles.
Négliger les identifications sincères c'est se condamner à disparaître.
En pratique nous faisons des identifications sincères et des identifications artificielles, et même si les contingences inhérentes au monde nous poussent à faire un minimum d'identifications artificielles, s'il n'y a que des identifications artificielles au final il n'y a plus de rapport entre ce que nous faisons et ce que nous sommes.
En faisant des identifications sincères, nous nous permettons de continuer à évoluer en lien avec les évènements qui nous arrivent, et plus nous le faisons plus notre volonté grandit et fait de nous un acteur du monde, ce qui permet d'aménager les contingences et de réduire les identifications artificielles.
Ainsi, je pense que plus les contraintes sont fortes et plus la masse critique à atteindre pour maintenir voire augmenter avec le temps les identifications sincères est importante. C'est cet état mental qu'il nous faut atteindre pour que notre fonctionnement intérieur évolue selon les évènements du monde. En un mot : exister.
Ainsi pour exister il nous faut nous demander si nous voulons vraiment faire ce que nous faisons, sans accepter immédiatement un comportement comme normal, et nous impliquer dans ce qui nous tient à cœur, et ce contre vents et marées.
J'espère avoir été compréhensible, malgré le fait que je sois vraiment épuisé. N'hésitez pas à discuter mes arguments.
Apeiron- Grand Inquisiteur de la Cohérence
- Nombre de messages : 5474
Age : 36
Date d'inscription : 09/11/2008
Re: L'identification
Nous ne possédons pas la nature, nous possédons notre ouvrage.
L'ouvrage est création et expression, le travail est torture et oppression.
Voler, c'est prendre l'ouvrage de quelqu'un.
Tuer, c'est empêcher quelqu'un d'utiliser son corps, donc l'empêcher d’œuvrer.
Si nous ne pouvons œuvrer, parce que nos corps ou nos esprits sont opprimés, nous sommes comme morts.
La foule opprimée est un cimetière, car nous sommes des cadavres ambulants.
Les oppresseurs sont assis sur un tas d'ossements.
Ils volent et tuent, sans avoir besoin de le faire de leurs mains. Le crime est invisible car partout.
Les voler ou les tuer déplacerait le crime sans le supprimer.
Le criminel doit se racheter pour supprimer le crime.
Un criminel ne peut se racheter s'il ne voit pas son crime.
Il faut faire voir ce qui est invisible car partout.
Il faut révéler la vérité.
L'ouvrage est création et expression, le travail est torture et oppression.
Voler, c'est prendre l'ouvrage de quelqu'un.
Tuer, c'est empêcher quelqu'un d'utiliser son corps, donc l'empêcher d’œuvrer.
Si nous ne pouvons œuvrer, parce que nos corps ou nos esprits sont opprimés, nous sommes comme morts.
La foule opprimée est un cimetière, car nous sommes des cadavres ambulants.
Les oppresseurs sont assis sur un tas d'ossements.
Ils volent et tuent, sans avoir besoin de le faire de leurs mains. Le crime est invisible car partout.
Les voler ou les tuer déplacerait le crime sans le supprimer.
Le criminel doit se racheter pour supprimer le crime.
Un criminel ne peut se racheter s'il ne voit pas son crime.
Il faut faire voir ce qui est invisible car partout.
Il faut révéler la vérité.
Apeiron- Grand Inquisiteur de la Cohérence
- Nombre de messages : 5474
Age : 36
Date d'inscription : 09/11/2008
Re: L'identification
Cela sonne juste mais me semble assez extrême.
J'accepte ta distinction ouvrage/travail. Quand nous sommes oppressé ou contraint nous avons effectivement plus de difficulté à œuvrer mais nous ne sommes pas mort. En effet nous avons encore la possibilité de combattre ou d'éviter nos chaines ou même d'être libéré par d'autres.
Pour moi un objectif individuel dans cette vision du monde serait de se ménager un espace de liberté à l’intérieur d'un système contraignant pour pouvoir œuvrer de façon suffisante tout en pouvant vivre avec les autres et les écouter. Révéler la vérité est une œuvre qui ne convient pas à tous.
EDIT : je rajoute que réaliser son œuvre peut parfois s'avérer contraignant pour les autres.
J'accepte ta distinction ouvrage/travail. Quand nous sommes oppressé ou contraint nous avons effectivement plus de difficulté à œuvrer mais nous ne sommes pas mort. En effet nous avons encore la possibilité de combattre ou d'éviter nos chaines ou même d'être libéré par d'autres.
Pour moi un objectif individuel dans cette vision du monde serait de se ménager un espace de liberté à l’intérieur d'un système contraignant pour pouvoir œuvrer de façon suffisante tout en pouvant vivre avec les autres et les écouter. Révéler la vérité est une œuvre qui ne convient pas à tous.
EDIT : je rajoute que réaliser son œuvre peut parfois s'avérer contraignant pour les autres.
Re: L'identification
Nous ne sommes pas morts tant que nous essayons d’œuvrer, certes, mais nous sommes bien malades malgré tout.
Tu as raison de souligner que révéler la vérité est un ouvrage, et c'est probablement le mien. Ignorer l'asservissement et tenter de construire un espace où œuvrer avec les autres est également un ouvrage, qui offre une bonne alternative à la révolution. Est-ce le tien ?
Il est vrai que la liberté pose la question de l'équilibre de l'action, contrairement à des humains asservis dans un cadre. C'est, je pense, un autre sujet de réflexion, mais non des moindres.
Tu as raison de souligner que révéler la vérité est un ouvrage, et c'est probablement le mien. Ignorer l'asservissement et tenter de construire un espace où œuvrer avec les autres est également un ouvrage, qui offre une bonne alternative à la révolution. Est-ce le tien ?
Il est vrai que la liberté pose la question de l'équilibre de l'action, contrairement à des humains asservis dans un cadre. C'est, je pense, un autre sujet de réflexion, mais non des moindres.
Apeiron- Grand Inquisiteur de la Cohérence
- Nombre de messages : 5474
Age : 36
Date d'inscription : 09/11/2008
Re: L'identification
Dans ton post', sauf erreur de ma part, tu ne fais pas de référence aux rapports aux autres. Dans quoi met tu ces contraintes/ces ouvrages-ci ? Comment les vois tu ?
Exemples : construire une relation avec des collègues de travail. Cela se fait par la base d'une contrainte (tu es obligé de les fréquenter) et en même temps, c'est une oeuvre (vivre en bonne intelligence, voir ce qu'ils ont d'appréciable).
Etre mère : tu t'identifies à ton "oeuvre" ton statut est modifié par rapport à elle. Et en même temps, une fois que c'est fait tu n'as plus le choix de ton identification, même si l'enfant meurt tu resteras une mère.
Pour toi, où est la vérité dans les rapports humains ? Est-ce que c'est ouvrir les yeux sur les personnes qu'on fréquente sans les apprécier ? Et par rapport à l’identification, comment vois tu les statuts qu'on nous impose : "fille de"; "nièce de"; et qui nous définissent ? Comment ferais tu la lumière dessus ?
Exemples : construire une relation avec des collègues de travail. Cela se fait par la base d'une contrainte (tu es obligé de les fréquenter) et en même temps, c'est une oeuvre (vivre en bonne intelligence, voir ce qu'ils ont d'appréciable).
Etre mère : tu t'identifies à ton "oeuvre" ton statut est modifié par rapport à elle. Et en même temps, une fois que c'est fait tu n'as plus le choix de ton identification, même si l'enfant meurt tu resteras une mère.
Pour toi, où est la vérité dans les rapports humains ? Est-ce que c'est ouvrir les yeux sur les personnes qu'on fréquente sans les apprécier ? Et par rapport à l’identification, comment vois tu les statuts qu'on nous impose : "fille de"; "nièce de"; et qui nous définissent ? Comment ferais tu la lumière dessus ?
Abyssanne- Grenouille
- Nombre de messages : 267
Age : 104
Date d'inscription : 29/12/2010
Re: L'identification
Oui, l'ouvrage ne désigne pas que la transformation de la matière : on peut œuvrer sur les autres. Sinon il n'y aurait pas de prêtres, pas de professeurs, pas de guides. D'ailleurs pour moi l'ouvrage n'a pas à être matériel, car le matériel n'est important que dans son rapport au spirituel. En effet, la physique nous apprend que toute matière disparaîtra. Nos actions n'ont de sens que parce qu'elles changent les esprits, et qui sait si nos esprits dépasseront ou non la matière ?
L'identification est ce qui permet à un processus extérieur à un esprit de changer l'esprit lui-même. Le sens de nos actions repose donc dans nos identifications, en tout cas les identifications sincères. Sans cette sincérité l'esprit meurt et ne devient que la trace de lui-même, une habitude de vie et non la vie elle-même. Notre monde actuel est dans la pénombre, où la survie atténue la vie, mais où toute lumière n'a pas disparu.
Il n'y a ni bien ni mal à être mère, frère ou enfant. Selon les individus cela peut être uniquement formel ou perçu comme important. Ce qui importe c'est la sincérité de ce rapport, qui peut-être déclencheur de lien et d'évolution, ou au contraire de contrainte et de superficialité. Pour vivre il faut pouvoir renier une identification qui n'est pas sincère et se tourner vers celles qui le sont, donc il nous faut chercher en nous ce qui nous est vraiment important.
L'identification est ce qui permet à un processus extérieur à un esprit de changer l'esprit lui-même. Le sens de nos actions repose donc dans nos identifications, en tout cas les identifications sincères. Sans cette sincérité l'esprit meurt et ne devient que la trace de lui-même, une habitude de vie et non la vie elle-même. Notre monde actuel est dans la pénombre, où la survie atténue la vie, mais où toute lumière n'a pas disparu.
Il n'y a ni bien ni mal à être mère, frère ou enfant. Selon les individus cela peut être uniquement formel ou perçu comme important. Ce qui importe c'est la sincérité de ce rapport, qui peut-être déclencheur de lien et d'évolution, ou au contraire de contrainte et de superficialité. Pour vivre il faut pouvoir renier une identification qui n'est pas sincère et se tourner vers celles qui le sont, donc il nous faut chercher en nous ce qui nous est vraiment important.
Apeiron- Grand Inquisiteur de la Cohérence
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Age : 36
Date d'inscription : 09/11/2008
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